ELEVEUR


Par une mâtinée ensoleillée de novembre, Frenchtoutou a rendu visite à M. & Mme Le Pape, éleveurs de Terriers d’Ecosse, depuis plus de 30 ans, dans l’Eure.

Frenchtoutou : Bonjour Mme Le Pape. Comment êtes-vous devenus éleveurs ?

Chantal Le Pape : Presque par hasard. Il y a 30 ans, nous avons acheté notre 1er chien en 1969, c’était une Westie. Mon mari avait toujours vécu avec des chiens,  c’est tout naturellement que nous en avons acheté un.  Un an plus tard, nous avons acheté un mâle pour accompagner notre femelle, mais nous n’avons eu  notre 1ère portée que 4 ans plus tard. Ensuite, nous nous sommes intéressés aux autres races de Terriers d’Ecosse et du Pays de Galles, comme le Scottish, le Dandie Dinmont ou le Sealyham Terrier . Pendant 20 ans, nous avons élevé des Dandies mais  nous n’avons eu que 10 chiots ! C’est une race qui, encore à l’heure actuelle, est mal connue bien que ce soit un Dandie qui a fait le Meilleur de Race du 3ème groupe cette année à l’exposition de championnat de  Longchamp.
Ensuite nous nous sommes tournés vers les Cairn Terriers. Pour chaque race, nous avions quelques sujets,  nous avons essayé de garder des femelles sur les portées qui naissaient. Par exemple, pour ma 1ère portée de Westies, en 1973, nous avions prévu de garder une femelle, mais hélas  ce sont 5 mâles qui sont nés ! Nous en avons gardé tout de même un : Igor, qui est l’ancêtre de tous mes westies. Passionnés par les terriers britanniques , nous avons fait une demande d’affixe en 1973 ; j’ai choisi un nom qui regroupe Pays de Galles (Wales) et Ecosse (Scotland), cela a donné Walescot.
Maintenant, nous élevons en plus des Scottish, Westies et Cairns, des Sealyham Terriers qui sont originaires du Pays de Galles.

Frenchtoutou : Qu’est-ce qui vous a fait franchir le pas entre la passion de l’amateur et le métier d ‘éleveur ?

Chantal Le Pape : C’est le ras-le-bol. Nous habitions en banlieue parisienne avec une dizaine de chiens et même si nous avions un jardin, cela restait trop exiguë. Mon mari était restaurateur et nous ne faisions que nous croiser. A la fin des années 1970, nous sommes partis 1 mois à l’étranger et à notre retour, aucun de nous ne voulait reprendre le rythme stressé de la vie parisienne. C’est ce qui nous a décidé. Au début des années 1980, nous nous installions ici.

Frenchtoutou : Vos installations sont superbes, spacieuses, mais je suppose que ce ne s’est pas fait en un jour.

Chantal Le Pape : Oh, que non !  Il nous a fallu 15 ans pour tout faire. Au départ, les chiens vivaient tous avec nous, ou plus exactement nous vivions chez nos chiens ! Un jour, plusieurs femelles ont mis bas simultanément,  comme nous n’avions pas encore de locaux séparés, les chiots étaient tous dans la salle de séjour ! Maintenant nous avons une maternité, avec des boxes individuels, utilisée pour les chiennes en gestation et les chiots jusqu’à leur vente. La mise bas a toujours lieu dans la maison,  même dans notre chambre. Il arrive parfois que les chiots restent bloqués, il faut alors aider la mère pour l’accouchement, et  quelquefois les réanimer. Sans cette surveillance, il y aurait un taux de mortalité important.
La maternité nous permet de mieux surveiller la croissance des petits,  comme elle est attenante à la maison, que l’on y accède par le bureau, nous avons toujours un œil dessus. Cela permet aussi de bien sociabiliser les chiots, ils nous entendent en permanence, et sont ainsi habitués très jeunes aux bruits de la maison. Bien sur, c’est aussi plus sain, nous ne vivons plus chez nos chiens !


La maternité

Frenchtoutou : Vous parlez de réanimation des chiots nouveaux nés. Comment avez-vous appris à les réanimer ?

Chantal Le Pape : Lorsque nous avons commencé, il n’existait aucune formation, comme celles qui peuvent être actuellement délivrées dans les MFR, sur l’élevage canin ; c’est l’expérience des autres et notre pratique qui nous ont formés. Lorsque nous rencontrions un problème, il y avait  toujours un éleveur auprès duquel il était possible de se renseigner. J’ai suivi aussi quelques stages proposés par la Société Française de Cynotechnique. Nous avons beaucoup appris dans les ouvrages spécialisés. Aujourd’hui nous avons un partenariat efficace  avec la Clinique Vétérinaire proche de chez nous, pour le suivi sanitaire de l’élevage, soins et urgences, etc….

Frenchtoutou : Quel est votre meilleur souvenir ?

Chantal Le Pape : Le jour où mon étalon  Cairn, Presley-Elvis,  a été champion de France. La dernière exposition pour son  homologation avait lieu à Brives. La compétition était rude. S’il gagnait ce jour là, il obtenait le titre si convoité. Il a été classé premier. Ce fut le premier chien, né à l’élevage, à devenir champion de France. Je suis sortie du ring en larmes !

Frenchtoutou : Et le pire ?

Chantal Le Pape : C’est la mort d’une de mes premières chiennes : Gitane, ma chienne préférée. Lors de  sa mise-bas, il a fallu pratiquer  une césarienne. Elle était restée toute la journée chez le vétérinaire. Lorsque je suis allée la chercher, en me voyant, d’émotion,  elle a fait un arrêt cardiaque, elle  est morte dans mes bras sans que le vétérinaire ait eu le temps d’intervenir.  C’est vraiment l’un des pires souvenirs,  mais il y a aussi la mort de beaucoup de  mes autres chiens.

Frenchtoutou : Est-ce un métier que vous recommanderiez à des jeunes ?

Chantal Le Pape : Oui bien sûr, pour ceux qui sont passionnés. Mais attention, c’est très prenant, comme toute sorte d’élevages, on ne peut presque jamais s’absenter ; il ne faut pas compter ses heures, ni espérer partir tous  les week-ends, quelque soit le jour de la semaine, il faut s’occuper des chiens.
A côté de ça, nous avons une qualité de vie exceptionnelle : pas de transport inutile, peu de stress, des relations sympathiques avec nos clients dont certains deviennent de véritables amis. Un très bon contact s’établit souvent très vite avec la clientèle qui vient visiter l’élevage, réserver ou choisir un chiot. Beaucoup d’entre eux  nous remercient  de leur vendre un chiot. C’est très gratifiant !
Je pense que,  pour réussir, il faut se spécialiser,  une à deux races, voire trois maximum, en évitant les effets de mode. Une fois la ou les races choisies, essayer d’être le meilleur, d’avoir pour objectif la  qualité des chiens, de  travailler sur la qualité de ses lignées,  et d’utiliser  la consanguinité à bon escient.  Personnellement, je travaille, en Cairn,  sur les meilleures  lignées anglaises, ainsi je cherche  sans cesse à améliorer la race, à éliminer les tares et défauts.
Cet après-midi,  par exemple, grâce à Internet,  j’ai un Cairn qui part pour le Brésil chez un éleveur. Celui-ci recherchait ces origines afin d’améliorer son élevage. Comme, il n’y a pas d’éleveurs de terriers écossais en Amérique Latine,  il s’est adressé à moi pour acquérir un étalon.

Si vous souhaitez contacter Mme Le Pape

Elevage Walescot
Le Boulay
27580 Chaise Dieu du Thiel
Tél. 02.32.32.67.47
site :
www.terriers-ecosse.com
walescot@terriers-ecosse.com

Formation éleveur : M.F.R.
50, rue des quinze fusillés - 61400 MORTAGNE-AU-PERCHE
Tél. : 02 33 25 10 87 - Fax : 02 33 83 73 55.
site : http://www.mfr-mortagne.com