LE METIER DE BERGER


Les métiers du chien : BERGER

Quoi ? : Le métier de berger et en particulier le travail avec le chien
Pourquoi ? : Pour ceux qui ont envie de vivre différemment de « métro boulot dodo »
Où ? : Dans toutes les régions françaises pratiquant l’élevage, essentiellement caprins ovins, bovins.
Quand ? : Quand l’envie vous prend : enfant, adolescent, ou à l’âge d’être parent.
Qui ? : Homme ou femme, réellement motivé, plus de détails sur la fiche
Comment ? : Formation autodidacte ou en passant par une formation de berger (voir fiche)
Toujours ! : Séance courte, dans la bonne humeur, chien détendu (parfois non…eh oui quand plus tard il écoutera parfaitement vous n’aurez pas toujours le temps de le détendre avant de le faire travailler !) Si lui ou vous n’êtes pas d’humeur, passez à autre chose. Finissez toujours par quelque chose de réussi. Ne soyez pas avare de récompenses y compris verbales et tactiles quelque soit la méthode choisie : positive ou traditionnelle. Ceci est particulièrement valable pour ceux qui pratiquent le chien de troupeau en compétition. Nous allons développer dans cette fiche les principales différences entre compétiteurs et utilisateurs.

« N’importe quel thésard en éthologie ou comportement, bac plus beaucoup, étant bien incapable d’obtenir d’un chien ce que n’importe quel berger illettré pratique quotidiennement au cul de son troupeau ou dernière une caille » (Extrait du magazine « sans laisse »)

chien de berger

Mise en garde :
Berger est un métier qui fait rêver, qui véhicule beaucoup d’idées fausses et qui n’est pas le métier offrant le plus d’occasions de travailler avec son chien. Pour un berger, les animaux dont il a la garde, l’environnement (sol, limite du territoire, climat..), sont des paramètres au moins aussi importants que son ou ses chien(s). On pourrait dire qu’avant d’être un spécialiste du ou des chiens, le berger est un spécialiste du bétail.


Formations :
Aussi surprenant que cela paraisse, il existe en 2008, en France, de nombreux établissements dispensant une formation de berger. La plupart d’une durée de 6 à 9 mois.
Cette formation comprend très peu de cours cynophiles, des cours de zootechnie, de la biologie, des rudiments de soins vétérinaires, de l’orientation… Il existe au minimum 6 écoles en France qui forment de futurs bergers.
Il est temps je pense, de faire la distinction entre un compétiteur dont l’ambition est de briller un jour lors d’une finale du championnat de France. Son chien devra alors conduire un petit lot d’une dizaine ou d’une vingtaine de brebis, à travers un parcours de haies, tout en jouant contre la montre (une quinzaine de minutes). Presque à l’opposé, nous avons des utilisateurs qui peuvent garder des troupeaux allant jusqu’à 2500 têtes de bétail, sur des surfaces de 3000 hectares avec régulièrement un travail à distance nécessitant des jumelles(*). Il existe peu, pour ne pas dire pas du tout, de passerelles entre ces deux mondes (compétitions, utilité).
A noter qu’en fonction des régions, entre bergers professionnels utilisant des chiens, les divergences de point de vue sont importantes et là encore le dialogue est difficile. On peut le regretter tant l’échange est source de d’enrichissement.

(*) : Cf. ci-dessous précision de Robin Lamps, berger.

Qualités d’un berger :
- bon moral (il faut pouvoir supporter la solitude)
- endurance (physique bien sûr, on ne se déplace pas des heures durant sur de forts dénivelés sans entraînement. Moral également (solitude, responsabilité, peur..))
- être capable de travailler en autonomie.
- l’amour des animaux (passion des bêtes)
- envie de vivre dans la nature (au moins une partie de l’année)

Contraintes du métier :
- Lorsque le berger garde en estive, il effectue de grosses journées de travail avec une coupure de 5-6h la nuit, et parfois une sieste de 2-3h l’après-midi, donc très peu voire pas de temps libre du tout.
- Peu de confort.
- Dangers inhérents à la vie en montagne.
- Responsabilité énorme (2500 têtes fois X€).
- Poids de la solitude ou de la vie en petite communauté dans des conditions difficiles voire extrêmes.

Interview R Lamps :
5 questions à un berger pas comme les autres :

Question n°1. Quand tu seras grand, tu veux faire quoi ?
Une ferme avec plein d'animaux ! En ce moment, je m'installe comme éducateur et je me forme au maximum au travail sur troupeau avec les chiens. Sinon, à terme et comme de nombreux bergers, je rêve d'avoir mes propres brebis.
Question n°2. Tes formations en comportement et en éducation sont-elles une réelle plus-value pour ton métier de berger ?
Oui et non. Pour la partie strictement "cyno" (travail avec les chiens, dressage) c'est indéniablement un enrichissement, on peut même dire que tout ce qui développe mon côté "animalier" (sens de l'observation, de l'approche, "feeling" avec les animaux) est un plus. Mais berger c'est surtout être un soigneur, savoir regarder le sol (botanique), etc... De nombreux bergers ne sont pas à proprement parler des "cynophiles" !
Question n°3. Tu possèdes un Border-Collie, mais aussi un croisé Malinois, comment cela est-il perçu?
A tort ou à raison, le Border est considéré comme l'arme absolue en matière de travail sur troupeau, pas la peine d'y revenir! Pour mon croisé BA/malinois, les éleveurs font des bonds quand ils le voient descendre de voiture (c'est un chien-loup, il va manger les brebis !), quelques heures de travail suffisent généralement à les faire changer d'avis. En fait, cela dépend beaucoup des habitudes régionales (types et gabarits des chiens utilisés). Son seul vrai handicap : son poids (en montagne, 45kg c'est lourd à déplacer!).
Question n°4. Penses-tu qu'un berger assisté de ses chiens de conduite et de chiens de protection soit la solution contre les prédateurs naturels des troupeaux ?
Attention, sujet archi sensible ! Je pense effectivement que c'est un bon moyen de lutte, mais on ne peut pas dire que ce soit LA solution. Le risque zéro n'existe pas, donc LA solution n'existe pas! Ce qu'il faut dire (et qu'on ne dit jamais), c'est qu'il n'y a pas de recettes, chaque troupeau sur chaque estive est un cas particulier. C'est un sujet énorme qui nécessite bien plus que cinq lignes pour être traité.
Question n°5. Que dire à un jeune qui envisage de devenir berger ?
D'abord, attention, berger ce n'est pas un "métier du chien", mais bien un métier agricole !
On peut développer avec son chien une relation extraordinaire, mais il est quand même au service du troupeau. On peut être berger sans aimer les chiens, impossible si l'on n'aime pas les brebis ! Il faut aussi une bonne dose d'endurance, physique et morale. Sinon... y-a-t-il une vie plus belle que celle-là?

(*) : D'abord, les tailles de troupeaux : de source sûre, il y a en Ariège des (enfin au moins un) troupeaux de 3500 têtes (là c'est en montagne), peut-être y en a-t-il de plus grands. De manière générale, de 1500 à 2500 brebis, ce n'est pas exceptionnel (dépend de la capacité de "chargement" de la montagne, quantité et qualité du pâturage, ainsi que du caractère plus ou moins accidenté de celle-ci).
A titre indicatif, nous, en Ariège, on avait 2500 brebis sur 3000 hectares. L'été dernier, en Cévennes, j'ai gardé 750 brebis sur 90 hectares! L'été prochain, j'aurais 1000 brebis sur 400 hectares. A chaque fois, cela dépend toujours de la qualité du pâturage, de la nature du terrain, et du mode de gardiennage (plus ou moins serré, parqué ou non, lâché ou pas) ainsi que des particularismes régionaux (les traditions quoi !).
L'autre facteur qui change, c'est la durée de la saison (4 ou 5 mois en Ariège, 2.5 ou 3 mois en Cévennes).
En plaine, à l'année, on estime qu'il faut entre 1 et 3 hectares par tête (dépend de quoi, à votre avis ?).

Les ordres de base au troupeau :
- « stop » (barre rocheuse)
- « droite » et « gauche »
- « gauche. Non pas celle-là ! L’autre gauche !! »
- travail à la jumelle
- travail au sifflet

Travailler au troupeau avec plusieurs chiens :
Un monsieur célèbre dans le monde du chien Etienne Serclerat, pour ne pas le nommer, travaille fréquemment avec 3 ou 4 chiens. Il a résolu le problème des commandements multiples en éduquant chaque chien dans une langue différente. Il a donc un chien qui répond aux ordres en français, un autre en espagnol, un en italien, un en anglais et enfin un en suisse allemand !!!

chien de troupeaux

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chien de troupeau - chien gardien de troupeau