Une aide (parfois) insoupçonnée


Sujet: Une aide (parfois) insoupçonnée

En tant que spécialiste des relations entre l’Homme et le Chien, je traite généralement dans ces colonnes des éventuels problèmes relationnels des chiens de compagnie avec leur famille, je vous propose aujourd’hui un sujet sur l’aspect purement utilitaire, et immédiatement mesurable, de leur présence à nos côtés.


Début juillet, un juge de Nanterre a fait venir un chien pour l’affaire d’une possible affaire de meurtre. Une femme avait été retrouvée morte à son domicile 2 ans plus tôt. Pour les uns, il s’agissait d’un suicide, pour les autres d’un homicide. Le juge a ordonné une reconstitution sur les lieux de l’évènement, en présence du chien de la défunte, du greffier, des avocats, d’un vétérinaire, et d’une personne qui était suspectée.
Lorsque celle-ci s’est approchée, le chien s’est mis à aboyer. Cet élément a été consigné dans le dossier judiciaire.

Faut-il voir dans l’attitude du chien une preuve de la responsabilité de la personne soupçonnée ? Personne ne sait ce que les juristes feront de tels éléments.
Il y a tout de même de quoi être sceptique, et très prudent dans l’interprétation de l’attitude de l’animal. Il est tout à fait hasardeux de conclure à quoi que ce soit sans connaitre le tempérament du chien, son contexte de vie et les relations qu’il entretenait avec la personne concernée.
L’animal a fort bien pu identifier un visage déjà rencontré auparavant. Et même si lors de leur dernière rencontre, le chien avait vécu une expérience déplaisante au contact de cette personne, ce n’est pas pour autant qu’il faut s’engouffrer dans un jugement hâtif en estimant la personne coupable. Coupable de quoi, d’ailleurs ? D’avoir fait aboyer le chien ? Un bon avocat mettrait peu de temps à démonter de telles hypothèses.

Malgré cet exemple spectaculaire et quelque peu excessif, la piste du soutien apporté par les chiens aux activités humaines n’est plus à démontrer. Recherches de personnes ensevelies dans les décombres, détection de substances prohibées, assistant des gendarmes et policiers, nous savons que les compétences canines sont indispensables dans ces cas. Mais il y a d’autres activités, moins connues, pour lesquelles les compétences canines sont appréciées.


Détection des cancers dont les humains sont atteints

Depuis une vingtaine d’années, des scientifiques s’intéressent à la détection du cancer par les chiens.

En 1978 (cela ne date donc pas d’hier), une jeune femme, ont le dalmatien flairait avec insistance un banal grain de beauté qu’elle avait sur la jambe, s’est décidée à consulter un médecin. Il s’agissait d’un dangereux mélanome. Elle en a fait état autour d’elle, et plusieurs chercheurs ont repris l’idée pour aller plus loin dans les investigations. Des cas similaires ont d’ailleurs été rapportés et publiés dans journal médical britannique « The Lancet » en 1989.
De son côté, la Pine Street Foundation, en Californie, a mené une expérience à partir d’échantillons d’haleine exhalée dans des tubes. Les chiens devaient détecter les échantillons de patients atteints du cancer du poumon ou du sein. Après plus de 12 000 essais, les chiens ont atteint un taux de succès impressionnant : ils ont identifié 88 % des échantillons représentants le cancer du sein, et 99 % pour le cancer du poumon. A ce jour, aucune technologie ne peut égaler une telle performance !


Assistance à différents niveaux de handicap

On connait bien aujourd’hui les chiens d’assistance aux personnes malvoyantes ou aveugles, et handicapés moteurs. La Fondation des Lions du Canada, en Ontario, forme aussi, chaque année, des chiens pour porter secours aux épileptiques.
Il s’agit de leur apprendre à détecter les crises avant qu’elles surviennent, et ainsi, de réagir pour alerter l’entourage ou la personne elle-même sur ce qui est en train d’arriver. En plus de cette aide immédiate, il est prouvé que la présence du chien fait baisser le stress lié à la maladie, ce qui a pour effet de diminuer considérablement le nombre de crises.

Pour les personnes malentendantes

Il existe aussi des centres de formation de chiens d’assistance pour les personnes malentendantes au Japon, aux Etats-unis, en Angleterre et en Suède.

Les chiens sont entraînés pour alerter la personne sourde aux sons qu'elle ne peut pas entendre : la sonnerie du téléphone, la sonnette de la porte, le sifflement de la bouilloire ou le minuteur du four, les pleurs d'un bébé, mais aussi à l'appel du nom de son maître, au son d'une alarme d'incendie ou d'un détecteur de fumée.

En France, malheureusement, nous sommes à la traîne. Une association avait été créée il y a quelques années, mais aujourd’hui il ne subsiste plus de trace de son existence sur Internet. Il semble que faute de financement, elle ait été contrainte de fermer ses portes.

Et même les conditions climatiques

Les chiens ressentent aussi, comme nombre d’autres animaux, les tremblements de terre, ce qui peut faire penser à de la précognition (anticipation des événements). Des études sont en cours sur différents continents, et l’on cherche à savoir comment utiliser cette compétence pour intervenir en prévenant le plus tôt possible la population de l’arrivée d’une catastrophe.


Des chiens donnent confiance aux diabétiques, protègent les épileptiques, dépistent un cancer plus rapidement que la technologie moderne… et la justice française prend même le risque de recevoir un chien comme « témoin » dans le traitement d’une affaire.
Il semble que l’on ne soit pas encore au bout de nos découvertes, en ce qui concerne l’aide concrète que nous apportent nos chiens.
 


Laurence Bruder Sergent
Comportementaliste
Auteur de « la cause des chiens »
et « mon chien, c’est quelqu’un de bien ! »
et co-auteur de «j'éduque mon chien moi-même »
Formatrice de comportementalis
tes
www.comportement-canin.com 


Toutes les photos sont issues de la Galerie Frenchtoutou