UNE VIE DE CHIEN ILLUSTRÉE par Liselotte

Nouvelle page 1

Présentation
J'adore dessiner les rapports hommes-chiens!
Quand j'ai eu ma chienne Vaudoo, j'ai d'abord commencé à la dessiner pour apprendre l'anatomie de ce drôle de chien: le bull-terrier anglais.
Puis elle est vite devenue ma muse.
Au fil des balades et des rencontres, j'ai pu me rendre compte de la mauvaise image dont souffrent certains chiens (et leurs maîtres!).
Les idées reçues quand à leur caractère et leur éducation m'amusaient et me désolaient en même temps… J'ai eu envie de mettre en image quelques scènes de vie pour montrer ma vision des choses (ou celle de mon chien) pour faire rire, pour dédramatiser ou pour faire réfléchir autour des relations hommes-chiens.

Liselotte (Lisa Marcel Isirdi)
http://vaudoo.blogspot.com

dessins sous copyright Lisa Marcel Isirdi


Les thèmes abordées

  1. Existe-t-il des races meilleurs que d'autres

  2. Les premières nuits de votre chien chez vous

  3. Les mordillements des chiots

  4. La cohabitation chien/autres espèces

  5. Sexualité et comportement canins
     

  6. Lui apprendre la solitude
     

  7. Contrôler les aboiements excessifs de votre chien
     

  8. Il est ingérable
     

  9. Il n'est pas propre
     

  10. Maltraitance invisible
     

  11. Font-ils exprès de nous agacer ?
     

  12. Mon chien ne s’entend pas avec ses congénères
     

  13. Il casse tout à la maison
     

  14. Mon chien est peureux
     

  15. Le langage corporel
     

  16. Bébé arrive, comment gérer avec le chien ?
     

  17. Mon chien est-il dangereux ?
     

  18. Bébé découvre le monde, que vit le chien ?
     

  19. Chien et enfant
     

  20. Les vacances avec ou sans mon chien
     

  21. Eva apprend à utiliser le langage corporel
     

  22. Une fiche pratique exercice !
     

  23. La fugue du chien
     

  24. La marche aux pieds
     

  25. Un chien bien dans sa peau
     

  26. Ce que nous savons d'eux
     

  27. Il a grandi

La maltraitance invisible


dessin sous copyright Lisa Marcel Isirdi

Passez la souris sur le dessin pour l'agrandir

La maltraitance invisible

Nous aimons nos chiens. Ils font partie de nos vies, nous faisons des sacrifices pour eux, nous renonçons à certaines activités pour ne pas les laisser seuls, nous leur achetons de la nourriture et des accessoires de qualité, nous veillons sur eux. Nous ramassons leurs crottes, nous les faisons toiletter, examiner et soigner, nous guettons le moindre signe de malaise et nous agissons pour réparer au plus vite l’inconfort. Nous sommes donc de bons propriétaires.

Pourtant, il arrive que nous perdions le sens de la mesure.

Convaincus de leur donner l’accès au bonheur, en les couvrant de vêtements, de parfums, en les conviant à notre table, sur nos genoux, dans nos lits, en leur faisant partager nos expériences fantaisistes (capillaires et vestimentaires, ici), nous oublions que nous les conduisons en fait aux antipodes de leur vie, de leurs envies et de leurs besoins de chiens.

Démesure et dénature

Car cet amour rime parfois avec démesure à l’échelle humaine, et dénature le chien. C’est d’ailleurs cette incompréhension qui peut être à l’origine de :
- morsures (des toilettages trop fréquents, brutaux ou interminables agacent les chiens, les irritent et deviennent même douloureux),

- auto-salissures (le parfum n’est pas apprécié du chien et neutralise son odeur, qu’il cherche à reconstituer en se frottant dans des marques odorantes plus agréables à sa truffe),

- destructions (à être trop choyé et rendu dépendant affectivement, on en devient angoissé à la moindre sensation d’abandon),

- comportements anormaux avec les congénères (les changements morphologiques comme la coupe de queue et d’oreilles, amputent les codes de communication des animaux) ou avec les humains (le canapé, le lit… deviennent propriétés du chien)…

Et pire que tout, ces interprétations décalées vont jusqu’à conduire à la double peine pour le chien : abandon, médicalisation à outrance (les anti dépresseurs existent aussi pour eux)… voire euthanasie !

Pour mieux s’adapter à l’espèce canine, je vous propose de réfléchir à certains comportements que nous imposons à nos chiens en toute bonne foi. Essayons de nous immiscer dans leur tête pour comprendre ce qu’ils vivent. Attention, ces interprétations sont des anthropomorphismes flagrants et simplistes, mais l’objet de cet exercice étant d’imaginer les conséquences de nos comportements pour nos chiens, il doit pouvoir nous amener à une autre approche de nos compagnons.
Le lecteur comprendra peut-être, alors, ce que les comportementalistes appellent « les violences invisibles ».

 

La situation

Ce que pense le maître

Ce que cela signifie pour le chien

Médor chevauche Milou

C’est un obsédé sexuel !

Variante : il n’a rien compris, il essaie de monter un autre mâle !

Médor : le patron, ici et maintenant, c’est moi.

Belle a un magnifique manteau en fourrure rose avec des perles de toutes les couleurs et un gros cœur cousu sur son collier

Elle est magnifique ma chienne, c’est la plus belle du quartier et elle sait à quel point je l’aime …

Belle : c’est vrai, j’ai bien chaud. Mais je ne peux plus m’exprimer avec mes congénères par mes outils habituels de communication. Les autres chiens me reconnaîtront-ils comme l’une des leurs ?

Douchka est parfumée

Ce parfum m’a coûté très cher, mais je l’aime tellement qu’elle vaut bien ça ! Et puis elle ne peut qu’apprécier la délicieuse odeur, comme moi !

Quelle horreur, mon odeur est tronquée ! tous les autres chiens m’évitent ou m’agressent, ils ne parviennent plus à m’identifier

Tyson est le champion des rings, il obéit comme aucun autre chien

Je l’ai dressé comme un pro, ce chien, je le domine.

OK, il veut que je morde le monsieur, je mors le monsieur. Il veut que je saute un obstacle, je saute son obstacle. C’est bien parce qu’on s’amuse, mais à la maison c’est quand même moi qui décide.


Est-ce que cela ne vous ai jamais arrivé de vouloir faire plaisir à votre chien, mais de mal évaluer ce qui lui fait plaisir, à lui ? « Il s’obstine à être un chien quand sa maîtresse voudrait en faire un gentleman ». Nous projetons sur nos compagnons ce que nous voudrions pour nous (confort, beauté, parfois luxe, être à la mode, etc.) sans toujours imaginer leurs besoins réels, les ramenant parfois à « des peluches distinguées sans pulsion déplacée » (extraits de « l’élégance du hérisson » par Muriel Barbery).

Transformer leur nature, leur morphologie, leur signature olfactive, leurs codes sociaux est une forme de maltraitance invisible (« invisible » car non intentionnelle), puisque nous ne tenons plus compte de la réalité du chien mais nous imposons la nôtre.
Quelles que soient nos habitudes de vie qui rejaillissent sur lui, notre ami nous observera toujours au travers de ses préoccupations de chien. C’est en prenant conscience de nos différences, et en les respectant, que nous lui offrons tout le bonheur du monde… du chien.
 

 

 textes de la comportementaliste Laurence Bruder-Sergent.
Auteur des livres "mon chien c'est quelqu'un de bien", "la cause des chiens" et "j'éduque mon chien moi-même"
www.comportement-canin.com