« Fou comme un jeune chien » Ou variante péjorative : « bête comme un jeune chien »...


Expression : « Fou comme un jeune chien »
Ou variante péjorative : « bête comme un jeune chien »...

On dit facilement d’un petit garçon étourdi et folâtre qu’il est « fou » et parfois même « bête » comme un jeune chien.

« Fou » n’est plus guère réservé pour qualifier l’aliénation d’esprit, mais se dit plutôt d’un individu aux comportements sortant de l’ordinaire (excessifs, intrépides ou absurdes, insensés, déraisonnables, etc...) quant à l’adjectif, « bête » il est résolument injurieux, avec une volonté de ramener à l’idée de stupidité animale.

Je ne discuterai pas des raisons qui font qualifier l’enfant de fou ou bête « comme un jeune chien » mais du mépris contenu dans le comparatif : fou ou bête « comme »... un jeune chien. Parce que je trouve ces épithètes péjoratives parfaitement injustes à l’égard d’un chien (à fortiori d’un chien jeune) je propose de m’en faire l’avocate.

Il faut bien que jeunesse se passe !

Un chiot est réactif, spontané, curieux. De nombreux mois durant, surtout pour des grandes races à maturité tardive, il se montre d’un naturel distrait, maladroit, inconstant et étourdi... mais cela n’est-il pas justement le propre de toute jeunesse, quelque soit l’espèce ?

Chez les jeunes chiens, il y a bien sûr des plus ou moins farceurs, intrépides et impertinents, des plus ou moins bricoleurs et décorateurs, jardiniers-amateurs, aboyeurs-sans-retenue ou sauteurs-sur-tout-le-monde (parce que le plus souvent, leurs propriétaires ont eux-mêmes maladroitement renforcé ces agitations).

Du drôle au gênant, la limite est vite franchie pour qu’un jeune chien simplement immature soit cet animal sur-excitable et vite incontrôlable dans ses comportements du quotidien, pour conclure un peu vite que l’on ne peut rien en tirer tellement il est bête ou fou. Il ne faudrait pas confondre immaturité, apprentissages incomplets et comportements mal adaptés du jeune chien, avec excitation et conduites incontrôlables d’un animal qui est juste en quête éperdue de repères stabilisants.

Aider le jeune chien à trouver de l’adaptation

Animé de toute la fougue de sa jeunesse, un jeune chien a besoin d’être aidé pour pouvoir devenir ce compagnon agréable qui sait ce que l’on attend de lui.

Mais comment saura-t-il bien se comporter en famille et en société, sans la disponibilité et les qualités d’indulgence, d’adresse, de patience et de constance de ses propriétaires ?

Disponibilité : parce qu’un chiot n’apprend rien quand il est laissé seul et inactif des journées entière !

Adresse : parce que si l’on ne sait pas bien comprendre et se faire comprendre de son chiot, celui-ci n’en sera pas responsable !

Indulgence et patience : parce que l’on ne peut jamais exiger qu’il fasse « bien » du premier coup !

Constance : sinon comment obtenir celle d’un chiot si l’on n’est pas capable soi-même de cette qualité !

Initier d’abord la confiance du jeune animal et savoir retenir son attention sont donc les deux premières tâches du nouvel acquéreur d’un chiot, pour que celui-ci puisse apprendre petit à petit à adapter ses comportements à la vie quotidienne des humains.

Identifier les tensions chez le jeune chien

Les manques d’attention du chiot (ou plus tard du jeune chien), ses agitations, son réactivité inégale, ne sont pas des mauvaises volontés, des laisser-aller, voire des vengeances comme le pensent trop souvent ses propriétaires.

Le jeune animal vit des tensions diverses (relationnelles et/ou environnementales), et les exprime par des attitudes et conduites agitées, qui trahissent le plus souvent ses difficultés à trouver le bon comportement en face de ce que l’on exige.

 Exemples :

• Il est « tout fou » justement, ne tient pas en place et paraît faire n’importe quoi... il est « hors de lui » et donc assez inatteignable

• Il est toujours en alerte au moindre mouvement ou moindre changement de l’environnement, il réagit comme mû par un ressort

• Il est incapable d’attention et de concentration, tout simplement pas en « état d’entendre » (à différencier du chien retenu par une occupation gratifiante pour lui : attiré qu’il est par un congénère par exemple, par une trace de gibier ou une odeur de femelle en chaleur...si c’est un mâle)

• Il halète rapidement (des halètements autres que ceux d’après l’effort soutenu du chien quand il fait chaud)

• Il bâille beaucoup (et rien à voir avec les bâillements de fatigue des moments de repos)

Tout cela mais aussi le fait de se secouer souvent, s’ébouer et /ou se gratter nerveusement (surtout au niveau du cou) sont autant de signes de stress que le jeune animal extériorise.

Savoir ne pas faire répression de ces manifestations

La solution n’est pas de vouloir réprimer ces manifestations qui sont expressions d’émotions et de fortes tensions intérieures, dont le chiot ou le chien cherche justement à se libérer.

Au contraire, on doit chercher à soulager ces tensions sans en rajouter avec des agacements et des rudesses, pour voir l’animal plus attentif une fois décontracté.

Pour l’exécution d’une tâche quelconque et si l’agitation monte (le chiot ou le chien réagit mal et/ou apprendra mal s’il est bousculé) attention donc en premier lieu à sa possible incompréhension (bien plus courante que beaucoup de personnes ne sont prêtes à l’admettre, car elle remet en question leur propre capacité à se faire comprendre).

Devant tout type d’excitation du chien, mieux vaut par exemple se détourner et se désintéresser un instant de lui, pour qu’il trouve à s’apaiser tout seul plus vite.
Ex : les agitations combles au moment des retours à la maison, à l’arrivée de visiteurs (connus ou non), ou au moment de partir promener (mise en laisse « sportive »), ou encore dans la voiture, ou autour des repas... à tous ces moments, initier le calme de son jeune chien : c’est simplement ne pas lui montrer de l’attention.

A noter que toute nouveauté, toute situation inhabituelle (lieu et/ou rencontre) peut susciter la maladresse du jeune animal par l’inquiétude légitime voire la méfiance qui peut l’animer.

Pour qu’il trouve en lui les ressources de gérer cette situation, on va l’aider efficacement en lui permettant d’analyser les choses à son rythme sans exercer de contrainte et tout en restant soi-même calme et patient.

Savoir bien gérer les émotions de son chiot et bien gérer ses apprentissages de la vie familiale et sociale en général, conduira alors à cohabiter et se promener avec un compagnon à 4 pattes dont on ne dira pas qu’il est « fou ou bête » mais « amusant et gai » comme un jeune chien.

Danièle Mirat – Caniconsultante
Site Internet : http://www.communicanis.com
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