Le champ d’action que nous proposons à nos chiens semble
ne pas toujours correspondre à ses différents besoins éthologiques
d’activité. La prise en compte de certains facteurs est parfois négligée, ce
qui rend l’activité physique du chien inappropriée.
L’activité physique (locomotrice) est combinée avec un autre type d’activité
vitale pour le chien, je la nommerai « activité mentale » mal connue et
parfois en opposition avec les pratiques humaines elle est souvent à tord
peu sollicitée.
Tout d’abord le besoin d’activité physique du chien passera par son profil
particulier. Même si au sein d’une même race des différences athlétiques
peuvent apparaitre, son appartenance à un groupe nous donne des indications
sur ses forces et ses faiblesses. Son âge ainsi que sa condition physique
permettront au propriétaire de définir une progression et d’affiner le type
d’activité qu’il proposera. Ainsi durée et fréquence de travail seront en
rapport avec ses réelles possibilités.
Le Border Collie est capable de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres
dès lors qu’il travail sur un troupeau, le Bouledogue Anglais n’est pas doté
des mêmes prédispositions, l’activité sera donc adaptée en fonction
notamment de son morphotype dans ce cas précis.
Comme nous l’annoncions en préambule, l’activité du chien ne se résume pas à
sa simple dépense physique. Pour combler ses besoins physiologiques et
construire un bon équilibre chez l’animal il est important de le stimuler
mentalement. Il s’agit de l’ « activité mentale ». Le chien peut être
contenté physiquement si son maitre lui accorde une longue balade en laisse
et au pied par exemple, mais le pôle mental n’est que très peu exploité dans
ce type de sortie ce qui va à l’encontre des besoins physiologiques du chien
; à terme un déséquilibre s’opère et l’animal éprouvera un manque qui sera
exprimé en fonction du chien par des comportements gênants.
L’activité mentale peut être plus ou moins sollicitée au travers de divers
domaines. Tout d’abord l’exploration naturelle, le chien possède un sens
olfactif très développé (100 fois plus que celui de l’homme), grâce à cet
organe il explore les lieux qu’il partage avec ses congénères en reniflant
les odeurs que ces derniers ont laissés (urines, défécation). Les chiens qui
vivent exclusivement dans leur jardin en plus de l’activité physique
restreinte sont privés de ce type d’exploration. Le jardin est certes un
espace de liberté mais pas une alternative à la sortie « extérieure ». Si le
chien y creuse des trous pour essayer de fuguer cela peut être l’expression
de ce type de déséquilibre. Deux sorties journalières au minimum doivent
être programmées, en prenant soin de ne pas lui interdire de renifler ces
odeurs, même si cet acte nous parait malpropre cela est fondamental pour le
chien.
L’activité mentale transitera aussi par les relations sociales du chien avec
son milieu. Il doit être mis en situation avec des congénères (eux mêmes
sociabilisés) mais aussi les humains, ces relations sont facilitées en amont
par un travail de sociabilité du chien, faute de quoi certaines conduites de
peur et d’agressivité pourront apparaitre. L’activité mentale ne pourra donc
pas avoir lieu dans ce cadre ce qui peut être handicapant pour son équilibre
social. Il est indispensable de résoudre ce problème en faisant appel à un
professionnel. Il indiquera quelles sont les conditions d’une mise en
situation de ce type de chien avec des congénères et des étrangers.
Cette exploration naturelle est donc essentielle et contribue à un certain
équilibre social. Parmi les activités quotidiennes du chien nous comptons
bien entendu l’alimentation. C’est un moment très important pour l’animal,
cependant ce temps est souvent réduit à sa plus simple expression. Les
chiens consacrent combien de temps pour obtenir et consommer leurs rations
journalières ? Remplir la gamelle, réclamer éventuellement un assis avant
que celui-ci ne fonde dessus et la vide en quelques minutes…
Un chien errant passerait 80% de son temps à la recherche de nourriture, à
la chasse, à lier des relations sociales avec ses congénères et même avec
l’humain. Cet enrichissement relatif à l’adaptation constante du chien sur
son milieu tend à disparaitre pour les animaux domestiques qui partagent nos
vies.
Alors l’alimentation peut revêtir un tout autre aspect dans le quotidien de
l’animal. L’utilisation d’un distributeur alimentaire permet de proposer au
chien une activité de recherche pour obtenir de la nourriture. Si le
distributeur est correctement utilisé alors quelques croquettes s’en
échappent. Dans ce cas le chien doit résoudre un problème pour atteindre son
objectif et déclenche ainsi une activité cérébrale. Par ailleurs
l’absorption des aliments devient mieux régulée la digestion est donc
améliorée.
En marge de l’exploration naturelle et de l’activité d’alimentation il peut
être proposé au chien tout un panel d’activités (pistage, canicross, canivtt,
obéissance rythmée et bien d’autres). L’exploitation de l’activité physique
(mobilisation de l’appareil locomoteur) et de l’activité mentale
(intégration des codes propres à la discipline pratiquée) est sollicitée de
manière optimale si les apprentissages sont bien menés.
Pour autant n’oublions pas que l’activité mentale réside dans l’adaptation
efficiente du chien à un environnement qui doit être changeant, il faut
alors diversifier les lieux et la nature des activités (exploratoire,
physique…) ainsi que les rencontres canines et humaines.
Cibler ses besoins, adapter sa pratique, optimiser la stimulation de ses
ressources dépendent de notre compréhension des codes canins, nous n’avons
pas le même langage pourtant nous vivons ensemble. C’est le métier de
professionnels du chien d’accompagner chaque propriétaire à établir (ou
rétablir) une bonne communication afin de respecter au mieux les besoins de
l’animal.
Sandrine OTSMANE
Educateur canin & Comportementaliste Chien et Chat
Spécialiste des relations Homme/Animal
Tel : 06.64.64.28.86 / 01.64.40.85.09
http://www.chienchatmodedemploi.com