L'anthropomorphisme et ses
conséquences
Même s'il est un animal, comme nous les
humains, le chien est d'une autre espèce que la notre, et nous avons parfois
tendance à l'oublier.
L'anthropomorphisme, c'est attribuer des caractéristiques de l'homme
(sentiments, passions, actes, traits) à ce qui n'est pas homme (Larousse).
Laurence Bruder nous explique que le fait de croire que les animaux pensent
et se conduisent comme nous, est très fréquemment la cause
d'incompréhensions entre les propriétaires et leurs chiens. Cela nous
conduit à mal interpréter les comportements, à leur donner des motivations
qui ressemblent aux nôtres, mais ne sont pourtant pas à coup sûr les même
pour eux.
On confond trop souvent les sentiments et les émotions : en tant qu'êtres
sensibles et vivants, les canidés ont des émotions (dégoût, peur, etc.),
nous l'observons tous et la science moderne est aujourd'hui d'accord. Mais
rien n'atteste scientifiquement, chez nos compagnons, la présence de
sentiments (l'amour, la culpabilité, la vengeance, la haine…) ou de
processus mentaux complexes, comme l'accès aux idées, l'imagination, la
création. Ces concepts font référence à l'humain, mais rien ne nous permet
de dire avec certitude que les animaux les connaissent eux aussi.
Incompréhensions
Quand nous cessons de voir nos chiens comme des chiens et que nous les
prenons pour des humains, tout se complique. L'ignorance de leurs codes de
fonctionnement nous pousse, bien involontairement, à des attitudes
incompréhensibles pour eux, et nous pouvons créer des situations anxiogènes.
Parfois le chien réussit à s'adapter, et la relation maître/animal se passe
à peu près bien. Et parfois, il n'y arrive pas : nous lui demandons des
choses qu'il est incapable de fournir, ce qui nous met en colère, conduit à
la punition du "fautif"… et le chien n'a toujours rien compris !
Prenons un exemple : vous rentrez du travail et une fois de plus le chien a
fait des bêtises. Vous pensez qu'il se cache parce qu'il sait qu'il a mal
fait et qu'il veut éviter d'être puni. Vous avez tort et raison : il ne se
sent pas coupable (car pour lui son acte est depuis longtemps oublié), mais
il a effectivement peur de la sanction car il perçoit votre colère et cela
l'inquiète. Il ne faut pas y voir un sentiment de culpabilité de la part du
chien mais le résultat d'un apprentissage : souvenez vous, la veille, en
rentrant, ne l'avez vous pas puni ? Le chien, lui se remémore très bien les
mauvais moments qu'il passe et dans quelles circonstances : il a appris
l'association "retour de mon maître = punition" et donc cherche à l'éviter
en se cachant.
Pour échapper à une mauvaise interprétation d' une attitude de votre
compagnon, vous pouvez essayer de garder à l'esprit qu'il est un animal.
Essayez de transposer les situations auxquelles vous êtes confrontés à une
situation naturelle, notamment dans une meute de chiens : demandez vous ce
qui passerait il à l'état sauvage.
En tant qu'être vivant différent de l'humain, le chien n'a pas les même
codes de communication que nous. Or lui n'a pas la capacité de s'adapter à
nous : nous pouvons apprendre une autre langue, mais le chien ne pourra
jamais apprendre la notre.
Nos compagnons rendent nos vies si belles, les considérer comme des chiens
est une marque de respect de notre part, nous leur devons bien cela.
Article écrit par Laurence Bruder Sergent
Comportementaliste
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